Renault Concepts
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Le Projet 110 : naissance de la « Frégate »

 

Après l'abandon du projet 108, Les études repartent de plus belle, mais la future 11 CV doit désormais avoir son moteur sous le capot avant, tout en conservant l'idée initiale des roues arrières motrices. Là où l'affaire se corse, c'est que Pierre Lefaucheux ne renonce pas à son objectif de présenter la voiture deux ans plus tard, à Paris en 1951.

Hélas, en octobre 1950, il est informé par le Ministre de la Défense qu'en raison du contexte international tendu en Corée et en Indochine (où les forces françaises sont mises en difficulté), le développement de tout nouveau modèle risque d'être interdit à partir du 1er janvier 1951, pour permettre le cas échéant aux industriels de répondre aux besoins du gouvernement. En effet, dans le pire des cas, l'usine de Flins pourrait être réquisitionnée afin de servir l'effort de guerre.

Le projet de celle qui va devenir la Frégate se vot donc amputé de deux années perdues dès le départ, et d'une année à l'arrivée pour échapper aux risques évoqués par le Ministre de la Défense. Le service des études et celui de d'industrialisation ne bénéficieront donc grosso modo que d'une année pour développer la nouvelle voiture. Ces circonstances seront à l'origine d'une mise au point laborieuse.

Le prototype de la Frégate est finalement exposé dès le 24 novembre 1950 dans le cadre prestigieux du Palais de Chaillot à Paris, en présence de Pierre Lefaucheux. Son nom emprunté au domaine de la marine évoque la liberté et les grands espaces. Le thème marin se perpétuera d'ailleurs chez Renault avec la Frégate Amirale puis avec les utilitaires Goélette et Galion.

La nouvelle 11 CV Renault est unanimement saluée lors de sa présentation pour son élégance et l'harmonie de ses formes. Les ingénieurs de la Régie ont réussi à concilier une ligne aérodynamique et un habitacle généreux. A l'époque, il s'agit même d'une des plus belles voitures du marché, ce qui n'est guère surprenant puisqu'elle a été dessinée sous la responsabilité de Robert Barthaud, lequel a puisé son inspiration dans les récentes créations américaines.

Mais une fois les néons éteints, il fallait rapidement se remettre au travail pour parfaire la mise au point de la Frégate, qui est loin d'être terminée, et achever l'étude de l'industrialisation de la voiture. Pendant de longs mois, plus aucune information n'émane de la Régie, où l'on s'active à peaufiner le produit. Des clients sont alors sélectionnés pour servir de cobayes, et ils participent en contrepartie d'une assistance totale du constructeur à la fiabilisation du nouveau modèle.

La version de série sera présentée officiellement au salon de Paris en 1951, mais il faudra encore patienter jusqu'en novembre 1951 pour voir la première Frégate, sortie de la toute nouvelle usine de Flins, livrée le 22 au baron Surcouf, descendant du célèbre corsaire malouin. Hélas, conçue hâtivement après l'abandon du projet 108, la Frégate traînera malheureusement de nombreux défauts tout au long de sa carrière.

 

Adapté notamment du site d'André Leroux

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